L’essor des legaltechs : comment les nouvelles technologies bouleversent la pratique juridique ?

1. L’explosion des legaltechs en France : chiffres et tendances

Si l’on regarde d’un peu plus près le marché français des legaltechs, on constate qu’il a connu une expansion significative. En 2021, le nombre de legaltechs a atteint 219, contre 166 en 2018, soit une augmentation de 32 %. Pour la plupart d’entre elles, elles sont spécialisées dans la génération de documents juridiques, la gestion des formalités, l’analyse de données et la justice prédictive.

Cette croissance est également reflétée par une augmentation significative du chiffre d'affaires du secteur, qui a triplé entre 2019 et 2022, illustrant ainsi l’intérêt grandissant des professionnels du droit pour ces solutions. Cette croissance est alimentée par la complexité croissante des réglementations et la pression sur les juristes pour optimiser leur productivité.

2. Adoption des legaltechs par les professionnels du droit

L'adoption des technologies juridiques par les professionnels est en constante progression. En 2024, une enquête a révélé que 71 % des directions juridiques avaient déjà intégré des solutions de legaltech dans leurs opérations. Parmi ces utilisateurs, 50 % ont déclaré utiliser ces outils quotidiennement, ce qui témoigne de leur utilité et de leur intégration dans les pratiques professionnelles.​

3. Automatisation et gain de temps : un changement de paradigme pour les professionnels du juridique.

L'automatisation des tâches chronophages et répétitives est l'un des principaux avantages offerts par les legaltechs.
Elle révolutionne la façon dont les juristes gèrent leurs dossiers. Les outils digitaux permettent de réduire le temps passé sur des tâches à faible valeur ajoutée et d’améliorer la précision du travail juridique. Quelques chiffres clés illustrent cet impact :

• Rédaction d’actes juridiques : les solutions d’automatisation permettent de générer des actes en quelques minutes, alors qu’une rédaction manuelle peut prendre plusieurs heures.
• Recherches juridiques : grâce à l’intelligence artificielle, des plateformes comme Doctrine analysent des milliers de décisions de justice en quelques secondes, alors qu’une recherche classique peut prendre plusieurs heures.
• Gestion documentaire et archivage : les legaltechs intègrent des systèmes de GED (Gestion Electronique de Documents), à l’image de Closd qui automatisent le classement des dossiers et facilitent l’accès aux documents sans perte de temps.‍
• Signature électronique : des solutions comme Yousign ou DocuSign accélèrent la validation des contrats en supprimant les contraintes physiques liées à la signature papier.

Ces gains de temps permettent aux avocats de se concentrer sur des tâches stratégiques et à forte valeur ajoutée, comme la plaidoirie et le conseil aux clients.

4. L'intelligence artificielle et la justice prédictive : vers un nouveau mode de travail ?

L’intégration de l’intelligence artificielle bouleverse la manière dont les avocats abordent leur travail. La justice prédictive permet d’analyser un grand nombre de décisions judiciaires pour identifier des tendances et anticiper l’issue d’un contentieux.

Par exemple :

• Predictice, qui propose une analyse statistique des jurisprudences et prédit les chances de succès d'une affaire avec une fiabilité pouvant atteindre 80 %.
• Legal Quantum, qui se distingue par son approche innovante et sa technologie avancée, spécifiquement conçue pour répondre aux besoins des avocats et des directions RH en matière de licenciement. Une véritable solution technologique dédiée à l'optimisation des négociations amiables lors des ruptures de contrats de travail. L’IA fixe le juste prix du risque des ruptures abusives de contrat de travail, ce qui permet de remplacer les litiges par des accords mutuellement bénéfiques, assurant ainsi des négociations au juste prix.

Si ces outils ne remplacent pas l’expertise humaine, ils apportent une aide précieuse pour optimiser la stratégie judiciaire et mieux anticiper les décisions.

5. La digitalisation dans les cabinets : impact sur l'organisation et les compétences

L’adoption des solutions digitales modifie profondément l’organisation interne des cabinets de conseil d’entreprises. On observe plusieurs tendances majeures :

• Diminution des tâches administratives : les juristes voient une réduction significative de la charge de travail liée à la gestion documentaire et à la saisie de données.
• Formation et montée en compétences : les avocats doivent développer de nouvelles compétences liées à l’utilisation des outils digitaux pour concentrer sur leur domaine d’expertise afin de délivrer une qualité de conseil de niveau supérieur.
• Rendre le droit plus accessible : certains cabinets intègrent désormais des solutions d’automatisation pour traiter des volumes plus importants à moindre coût, permettant de proposer des prestations juridiques abordables à un plus grand nombre de clients.
• Interaction facilitée avec les avocats : les consultations à distance via visioconférence se démocratisent, rendant le conseil juridique plus accessible et immédiat.

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Conclusion : un tournant incontournable pour la profession juridique

L’automatisation et les legaltechs redéfinissent la pratique du droit. Si elles ne remplacent pas le rôle fondamental des avocats, elles permettent une optimisation sans précédent des méthodes de travail, offrant à la profession juridique une efficacité accrue et une meilleure accessibilité du droit pour les clients.

Face à ces bouleversements, les cabinets d'avocats doivent s'adapter en investissant dans la formation aux outils digitaux et en repensant leurs stratégies organisationnelles. L'avenir du droit ne sera pas déconnecté de la technologie, mais au contraire, largement influencé par elle.

L'enjeu pour les professionnels du droit ? Saisir cette opportunité pour être non seulement plus performants, mais aussi pour répondre aux nouvelles attentes de leurs clients dans un monde où le numérique est omniprésent.

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